jeudi 17 décembre 2009

Les grands fonds de mare-Gaillard à Maudette - jeudi 10 décembre 2009





Je n'étais pas avec vous ce jour là : je bricolais avec "les nouilles" !!! C'est ainsi que notre groupe de bricoleuses se prénomme ! Je vous rassure, nous ne sommes pas si maladroites que ça ....
Concernant la marche, il parait qu'elle était très belle et bucolique à souhait.
Je vais faire de mon mieux afin de rendre ce compte-rendu agréable avec les très jolies photos d'Anne et Yolande ainsi que les précisions (sur la ligne !) de Félix à qui j'adresse un grand merci.










Ils n'étaient que deux ! 








Non ! bien sûr ! Il y avait une vingtaine de personnes pour partir à l'assaut des Grands-Fonds (2h30 de parcours), car il faut descendre mais aussi beaucoup monter...
C'est une des régions les plus secrètes et les moins accessibles, quoiqu'avec les embouteillages des axes principaux, beaucoup de gens ont appris à circuler dans ce labyrinthe. 
Les Grands-Fonds sont circonscrits aux communes du Gosier, Sainte Anne, Le Moule, Morne à l'eau et les Abymes.





Les calcaires tertiaires surélevés sont rongés par un réseau de vallées chenillées formées par le ruissellement des eaux. On y circule le plus souvent le long de raides versants rocheux raccordés à des fonds plats tapissés d'argile noire. Entre mornes et vallées, un enchevêtrement de routes et de chemins relient des villages à la toponymie évocatrice : Deshauteur, Grand-bois, Bellevue, Fonds-Bambous, champvert etc...

















Dans ce dédale, à la fois refuge et piège, le bois subsiste sur les versants, avec des résidus de forêts sèches. Le morne LESCADE est le point culminant des Grands-Fonds avec 129 mètres. 
Quelqu'un saura-t'il le trouver ???





Au 18° siècle les blancs se fixèrent dans le secteur nord, autour du lieu-dit Matignon, d'où leur appellation locale "les Blancs Matignons". Leur pauvreté les marginalisera, d'autant qu'elle s'était conjuguée avec l'affirmation jamais vraiment étayée, d'une origine aristocratique. Fuyants les troubles révolutionnaires, un certain nombre d'entre eux auraient trouvé refuge dans les Grands-Fonds en y créant un isolat. Voici un texte sur les Blancs-Matignons :



Calebasse

Comme partout en Guadeloupe, la nature est généreuse ici aussi. Les Grands-Fonds furent jadis le verger potager de Pointe-à-Pitre. Il y avait un réel savoir-faire de la population dans la culture vivrière. Même si durant la balade on remarque ici et là des jardins créoles, le paysage n'est plus aussi cultivé que par le passé.



Sapotilles












Dans les champs et les ravines  il y a de nombreux arbres à pain (c'est précisement à cet endroit où furent importés les premiers arbres à pain de la Guadeloupe), abricotiers pays, manguiers, cocotiers, corrossoliers, roucou, goyaviers disséminés tout au long du parcours ainsi que de nombreux jardins créoles le long des versants. On y trouve des ignames, du manioc, des bananes, des avocats, des gombos, du piments etc... 
De quoi satisfaire une bonne table antillaise !





Les Grands Fonds, en Grande-Terre exploitent 10% de la SAU guadeloupéenne et occupent 4400 personnes équivalents à 1320 emplois à temps complet. C’est le quatrième bassin d’emplois. 15% de la surface cultivée sont consacrés à la culture de la canne, 9% à celle des légumes. La zone est au deuxième rang pour la production de légumes, mais c’est la première région productrice de tubercules. Les 3300 hectares de prairies consacrés à l’élevage place la région au deuxième rang, avec 12000 bovins, 5100 caprins, 4600 porcs. Les Grands-Fonds sont également la troisième région avicole de la Guadeloupe avec 45 600 volailles.
Le défrichement des Grands Fonds


Tout au long de la balade, dans les ravines, on passe devant de nombreuses mares qui étaient autrefois de véritables lieux de vie : les femmes y faisaient leurs lessives et la population venait y chercher de l'eau pour leur usage quotidien.















De nos jours, il n'y a guère que les boeufs qui profitent de ces havres de fraîcheur.



Félix, qui réside vers Deshauteur, nous a raconté que dans son enfance, ses camarades et lui même étaient toujours à la recherche de nouvelles occupations ou façons de jouer. Ils inventaient tout un tas d'objets comme ici un pipeau fabriqué avec une queue de giraumon. Il pouvait également être fait avec du bambou.



Qui n'a pas croisé sur la route ou sur les chemins, tirés par des boeufs sur-hormonés, ces magnifiques cabrouets ?
on les rencontre un peu partout sur notre île, le plus souvent chaussés de roues en caoutchouc. A l'époque, ils servaient de moyens de transport pour les gens et la canne à sucre en autre.



La fabrication du charbon de bois est tout un art qui demande beaucoup de travail et qui est assez pénible. Il faut couper le bois, le rassembler, le mettre en forme, le couvrir de paille, puis de terre, mettre le feu et le surveiller en permanence pour que le montage ne s'embrase pas. Ensuite, il faut le ramasser et le mettre en sac.




















Nous terminons avec une grande tradition de Noël en Guadeloupe : le cochon !
Ici, beaucoup de gens élèvent leur cochon pour les fêtes de fin d'année afin de fabriquer le boudin et le jambon. Autrefois, on passait le jour de Noël chez les voisins, la famille pour le traditionnel "tué cochon". C'était le moment de faire le fameux "boudin créole". Durant une année, l'animal aura été engraissé avec un soin tout particulier, notamment chez les puristes, qui n'hésitent pas à relever les auges d'épices et de piments afin de parfumer la chair !!!
Le jour "J", tout le monde s'affaire, les hommes à grands coups de remontants, le rhum coule à flot...
Devinez qui s'occupe du cochon ?!!!
Le sang est battu, puis mélangé au pain mouillé; l'ensemble est relevé d'épices, de fines herbes et de piment bien sûr ! La préparation est versée dans les intestins du cochon qui ont été préalablement nettoyés, brossés à l'eau et au citron. Un brin de cuisson et c'est prêt. Bon appétit !




mercredi 9 décembre 2009

Sentier de Beautiran à Petit-Canal - jeudi 3 décembre 2009






Direction le stade de Petit Canal. Ce matin nous sommes 22 participants : juste le compte pour faire une partie de football ! Hélas, il manque l'arbitre... Donc pour changer un peu, nous décidons d'aller marcher !

Une bruine légère nous rafraîchit d'emblée et un nuage trônera sur nos têtes durant presque toute la balade. Quelque chose me dit que nous ne rentrerons pas les pieds secs...


Un peu d'histoire :
Petit Canal ne s'est pas toujours appelée ainsi; au 17° siècle son nom était Mancenillier, l'arbre qui sécrète un suc laiteux et provoque des brûlures atroces. Puis en 1730, le bourg s'appelle le Canal et prend le nom définitif que nous lui connaissons vers la seconde moitié du 18° siècle, en référence au petit canal creusé à cette période par les habitants. Celui-ci favorise alors le développement du village et permet un mouillage aux bateaux.
La vocation sucrière de Petit-Canal s'est très tôt imposée. Les moulins à vent et la culture de la cannes à sucre façonnent le paysage.  A la fin du 17° siècle, il y a sur le territoire de la commune  52 habitations représentant chacune une sucrerie dont l'un des vestiges est l'habitation LACROIX. 
Peu après 1943, suite au tremblement de terre qui a détruit une grande partie des moulins de la Grande-Terre, Petit-Canal sera l'une des premières communes à favoriser l'installation d'usines centrales pour broyer les cannes des habitations affiliées. La révolution industrielle est en marche ! Certaines habitations investissent en s'endettant lourdement : DUVAL en 1844 qui était située sur la route du Gros cap (fermeture 1929-absorbée par l'usine de Beauport), CHABERT en 1845 et enfin CLUGNY en 1862. Cette dernière construisit un chemin de fer de 3 km qui la reliait au débarcadère de Beautiran. En 1902, l'usine cessa son activité, son propriétaire, le marquis de Rancougne avait vu trop grand. Ses terres fut rachetées par l'usine de Beauport à Port-Louis (fondée en 1863, elle fermera en 1990).  A partir de 1840 l'apparition de la culture de la betterave sucrière en métropole et l'abolition de l'esclavage en 1848 donneront bientôt le coup de grâce à cette activité. Vers 1930 les usines et les distilleries disparaissent irrémédiablement : L'économie locale doit être complètement repenser.
Voici quelques sites sur  l'industrie du sucre dans la région

Commençons à présent notre découverte du sentier de Beautiran...









Nous allons cheminer durant 2h30 dans la campagne vallonnée au milieu des champs de canne et des champs de vaches !





Le ciel est bleu, mais il pleut !






Nous croiserons sur notre route un grand nombre d'arbres fruitiers, corossoliers, goyaviers, arbres à cythères, à surelles, à nonis... Mais les manguiers dont quelques uns sont certainement séculaires sont omniprésents.

Comme vous pouvez le constater nos marches sont fréquentées par des gentlemens !


Nous arrivons dans une plaine marécageuse. Son passage sera pour le moins compliqué !

Nous faisons une première tentative pour rejoindre l'ancienne voie ferrée le plus directement possible : nous avons de l'eau jusqu'aux genoux ! marche arrière toute ! Nous envisageons de refaire une tentative une vingtaine de mètres plus loin sans plus de succès. Nous sommes alors contraints de remonter beaucoup plus haut en longeant un champs fraîchement travaillé et complètement clôturé. Les premiers de cordée entament la traversée des eaux sous l'oeil perplexe et amusé de quelques gentes dames.













Attention mesdames ! vous aussi,  vous aurez droit à un bain de pieds et de boue !


Après ce passage épique et fort joyeux nous atteignons l'ancienne voie ferrée qui nous mènera jusqu'au port de Beautiran.


Aujourd'hui on ne trouve plus trace des traverses et des rails, seul le chemin surélevé qui a dû demander un travail considérable et envahi par les herbes hautes et des haies de surelles nous permet de l'imaginer.

En Guadeloupe, le chemin de fer a fait naître de nombreux projets et l'un deux était de relier le Moule à Pointe-à-Pitre, mais aucun ne vit le jour, hélas ! De nos jours nous aurions certainement béni le concepteur qui nous auraient  évité tous ces embouteillages qui polluent notre île et nos existences !! . De fait son développement fut dévolu au transport de la canne à sucre, et sera détrôné par l'arrivée du transport par camions et tracteurs qui permettait de réduire les coûts de productivité.


Au milieu de cette ancienne voie, nous passons sur un pont effondré depuis et réalisé avec un plateau de balance après l’enlèvement des rails. On remarque le nom du fabricant : TRAYVOU. 









Voici le fruit de mes recherches concernant cette société : TRAYVOU fut parmi les plus importantes entreprises de pesage dont le siège était dans le quartier de la Mulatière à Lyon. Elle était spécialisée dans la fabrication de gros instruments de pesage (bascule et pont à bascule). Crée en 1827 par Joseph BERANGER par rachat de huit de ses concurrents, cette société est reprise par son gendre Catenot en 1857. A son décès, sa veuve épouse Benoît TRAYVOU en seconde noce. Celui-ci prit alors la direction des affaires et laissa son nom à la célèbre marque de balance. Après plusieurs changements de propriétaires au siècle dernier, l’usine restera de 1891 à 1945 la propriété d’une famille nobles catholiques, lesquels demeureront jusqu’à la fin des années trente dans leur château à l’intérieur de l’enceinte de l’usine. A partir de 1945, la Société passe sous le contrôle du groupe Schneider. Puis elle est absorbée par Testud, puis par le groupe Tapie avant de fermer définitivement au début des années 1990.
Si l'histoire de la balance vous intéresse, cliquez ici !

Nous nous enfonçons dans un chemin étrange :  les arbres poussent sur les rochers... 

à moins qu'il n'y grimpent ! 

ou qu'ils n'en descendent !!!



















Le paysage change à nouveau. A droite, une étendue de joncs.





Au milieu, notre chemin boueux.














Et sur la gauche, les prémices de la mangrove.
.
La mangrove est un écosystème particulier qui se développe dans les zones littorales tropicales soumises à l'influence des marées. L'eau a une température supérieure à 20°, une forte teneur en sel, un sol fin et vaseux riche en matière organique mais pauvre en oxygène. L'arbre caractéristique de la mangrove, le palétuvier ou encore mangle est parfaitement adapté à ces conditions de vie. Certains ont des racines en formes d'échasses en arceaux ou rhizophores servant à la respiration et a la stabilité. Ses graines germent sur l'arbre et forment des plantules prêtes à coloniser les milieux inondés. On trouve cette variété plutôt en front de mer. D'autres palétuviers sont caractérisés par la présence de nombreux pneumatophores, racines aériennes courtes et renflées.

Mais savez-vous combien il y a d'espèces de palétuvier ? J'attends vos réponses dans les "commentaires" du blog !!! Le ou la gagnant(e) sera récompensé(e) à la prochaine marche !
Pour terminer, la mangrove assure un rôle essentiel de refuge, de nourriture et de lieu de reproduction à de nombreuses espèces animales : les crabes, les oiseaux, les poissons, des huîtres , des palourdes ... Mais c'est un écosystème sensible car il repose sur un équilibre des échanges entre la mer et les flux d'eau douce amenés par le ruissellement terrestre. Elle joue un rôle de frein à l'érosion côtière, de filtre et de purification des eaux. 


Après cette lecture, quel dommage de voir encore ça :










On entend la mer ! Les ruines des aménagements du port apparaissent, du moins ce que la végétation a envie de nous laisser voir...




Le port de Beautiran conserve des aménagements industriels d’un grand intérêt, notamment un portique de chargement métallique datant vraisemblablement des années 1865, il semble qu'il doit être protégé au titre des monuments historiques avant d’être restauré (quand ? nul ne sait). Les premiers équipements ont été mis en place lors de la création de l’usine centrale de Rancougne. 

 
Un chemin de fer amenait le sucre de l’usine jusqu’aux barges et bateaux à vapeur qui partaient à Pointe-à-Pitre. Il existait un quai, un magasin, une grue… A partir de 1901, l’histoire de Beautiran se confond avec celle de Beauport. Le port d’embarquement a fonctionné jusqu’aux années 1950.



Du reste des bâtiments, il ne reste que des ruines envahies par la nature. Mais, je vous propose de visiter la maison témoin : 
L'entrée, avec une petite terrasse face à la mer où vous pourrez apprécier votre ti-punch à l'ombre d'un figuier maudit.




La maison est parfaitement aérée...

Elle bénéficie de tout le confort moderne : douche...

Et cuisine en plein air.















Je pense que les clients témoins ont été davantage conquis pas le jardin en bord de mer...













et la campagne environnante !


Mais retournons à nos moutons ! 
heu.. non ! 
à nos voitures !

Sur le chemin du retour, la nature nous laisse à admirer un jardin paysager dont elle a le secret.

Nous empruntons à nouveau l'ancienne voie ferrée, et nous nous arrêtons devant un d'arbre entièrement recouvert de plantes épiphytes, nous les avons également vues dans la mangrove qui formaient de véritable jardins suspendus.

Quelle est la différence entre une plante épiphyte et une plante parasite ? 
Les plantes épiphytes se développent en se servant d'autres plantes comme support. Elle ne prélèvent pas de nourriture sur leur hôte mais sont capables d'absorber l'humidité de l'air et les sels minéraux contenus dans l'humus qui peut se former à la base des branches mais aussi dans les particules et gaz absorbés ou solubilisés dans l'eau de le pluie et des rosées.













Les plantes parasites par contre vivent et se développent au détriment d'une autre plante hôte. Ce parasitisme peut être total, dans ce cas la plante parasite qui est dépourvue de chlorophylle tire de son hôte toute son alimentation, elles sont dites holoparasites. Il peut aussi être partiel, et là, la plante parasite ne prélève que l'eau et les éléments minéraux et conserve son pouvoir de synthèse chlorophyllienne, on dit qu'elle est hémiparasite.



je vous laisse terminer seul(e) celle balade dans les paysages de champs de canne, suivez le piquet-arbre qui a pris sa revanche sur son statut de piquet de clôture !



Petite canne ...



deviendra grande !





dégradé paysager





Petites fleurs des champs